Une petite nouvelle que j'ai écrite, y'a pas de corbeau (encore que...), s'cusez ^^
Il y a une petite photo qui va avec. Bonne lecture !Le palais de la justice Cela faisait deux jours, deux jours que le monde s'était arrêté. Elle était partie et avec elle tous ces moments exquis de la vie s'étaient envolés. Et elle l'avait laissé là, avec sa tristesse, son amertume et son regret.
Il aurait dû le sentir arriver, il aurait dû le prévoir. Il s'en voulait de ne pas avoir réagi plus tôt. Elle avait pourtant essayé de le mettre en garde, elle lui avait dit que cela finirait par arriver. Mais il n'avait pas su voir les indices qu'elle lui avait laissés... Le comble pour un membre de la plus grosse agence de détectives de la planète. Et c'était arrivé, elle l'avait trompé, lui avait menti. Et ce salopard qu'elle avait rencontré, il lui avait volé l'amour de sa vie, et lui n'avait rien fait pour empêcher cela. Même si leurs relations étaient tendues ces derniers jours, il n'avait jamais souhaité cela. Pourtant elle était partie.
Il déboucha la bouteille devant lui et but une rasade d'alcool fort. Le goût le fit grimacer mais il eut l'impression que cela lui faisait du bien. Il secoua la tête. Ce n'était pas le moment de se laisser abattre, il avait encore beaucoup de travail. Il se pencha et sortit du tas de papiers étalé devant lui, une photo. Cet homme, sur la photo. Ses mains se crispèrent. La cause de son malheur. Il observa encore un moment le cliché, comme s'il voulait l'imprimer dans son cerveau, puis attrapa sa veste et sortit.
L'air frais du dehors sembla lui remettre les idées en place car il avança d'un pas décidé vers sa voiture. Il fila droit vers le plus haut et le plus sécurisé des nombreux buildings de la ville.
– Mr Spike Braggart. Identification réussie, cracha une voie métallique quand il passa l'entrée.
Il salua quelques personnes, visiblement surprises de le voir ici et, regagnant son bureau, il s'installa devant son IUC. L'Intelligence Unit Control analysa la photo qu'il venait de numériser et afficha plusieurs pages d'information. Il griffonna quelques mots sur un vieux bout de papier et s'apprêtait à se lever quand une ombre surgit au dessus de lui.
– Vous allez quelque part Braggart ?
– Exactement, répondit-il sans lever les yeux.
En face de lui, la rue qui mène à la place Saint André et au fond le palais de justice, vestige du passé, construit au moyen-âge. Il attend. Tapis dans l'ombre à l'angle de la rue, il guette. Il guette son arrivée. Déjà il la devine s'approchant, ses talons claquant sur les pavés, ses cheveux lâchés lui tombant sur les épaules, et son parfum. Son parfum d'une telle finesse. Il l'attend avec impatience. Elle lui a donné rendez-vous, elle a dit qu'elle viendrait à vingt heures, après son travail. Oh oui ! Il l'attend.– Impossible, je refuse que vous alliez là-bas. Répéta le directeur
– Il le faut, pour l'enquête c'est un élément important ! Renchérit le détective
– Braggart, cette enquête vous a été retirée.
Le dénommé Spike Braggart baissa les yeux. Il savait qu'il ne pouvait pas aller où il voulait sans l'accord de son patron. Mais il devait aller sur les lieux de la photo. Ravalant sa colère, son poing se serra sur le morceau de papier où il avait griffonné les informations fournies par l'IUC.
– Très bien, finit-il par dire, si vous voulez bien m'excuser, je crois que je vais rentrer chez moi.
– C'est ça Braggart, avec le départ de votre femme, ça ne vous fera pas de mal. Reposez-vous mon garçon et laissez-nous nous occuper de cette affaire. Je vous tiens au courant s'il y a du nouveau.
Sans rien ajouter, le détective tourna les talons. Il ruminait sa frustration et sa rage difficilement contenues, comme il regagnait sa voiture pour rentrer chez lui.
Ca y est ! Elle arrive, elle est là, enfin. Il l'a tellement attendue. Elle est venue, comme elle le lui avait dit. Il savait qu'elle avait sûrement tout fait pour que personne, et surtout pas son mari, ne puisse soupçonner leur entrevue.
Il la regarde s'approcher doucement. Quelle beauté ! Une véritable merveille.
Il l'observe de la tête aux pieds. Son regard part de la pointe de sa chaussure vernie, passe sur sa fine cheville, remonte le long de sa jambe en suivant les motifs de son collant et s'attarde sur ses cuisses. Il remonte sur ses hanches, sa poitrine couverte d'un léger chemisier blanc, et son cou. Si fine, si gracile, comme il l'aime !
Il laisse ensuite son regard vagabonder sur les courbes de ses lèvres, de ses joues et de son front avant de se fixer sur ses yeux. Tandis qu'il l'inspectait, il avait senti l'excitation monter en lui, comme à chaque fois qu'ils se rencontraient. Il ne pouvait s'en empêcher, un désir irrépressible le submergeait. Spike Braggart décrocha le combiné et attendit la tonalité. Au bout de trois sonneries le répondeur se déclencha.
– Si vous cherchez Luke Skywalker, ce n'est pas ici. Et pas la peine de laisser de message.
Spike attendit le bip sonore.
– Bart, je sais que tu es là. Mets-toi en ligne, il faut qu'on parle, dit-il d'une voix lasse.
Une sonnerie cristalline se fit entendre et la tête d'un homme mal rasé s'afficha sur l'écran.
– Qu'est-ce qu'il y a pour que tu me réveilles à cette heure ?
Spike regarda l'horloge qui indiquait 16h28. Il haussa les sourcils et poursuivit.
– Il faut qu'on parle jardinage, enchaîna-t-il sans plus s'interroger.
Un bourdonnement se fit entendre.
– C'est bon c'est crypté, tu peux parler.
– Bien. Que sais-tu sur l'affaire du tueur en série qui sévit en ce moment ?
– J'ai avancé figure-toi. Je sais de source sûre que notre homme n'est pas dans le besoin, si tu vois ce que je veux dire. Et j'ai mieux que ça ! En étudiant son profil je pense pouvoir te dire où il attaquera sa prochaine victime. Je t'envoie les adresses possibles. Terminé.
– A l'occasion passe prendre l'apéro, tu regarderas mes plantes, dit Braggart d'un ton qu'il voulait désinvolte.
– Ok, ça roule...
L'image de Bart bailla à s'en décrocher la mâchoire.
– A la prochaine, et merci pour les conseils.
– Tchô Spike.
Braggart coupa la communication et quelques instants plus tard, un tintement retentit, indiquant l'arrivée d'un message.
Elle est à ma portée, elle me parle doucement. Quelle voix douce et coulante, avec quelques petits accents de stress. Elle redoute certainement qu'on nous découvre. Elle a raison d'avoir peur, avec un mari détective. Mais elle aussi est détective, elle doit pouvoir tromper son mari facilement.
Je bois ses paroles, elles ont un goût de miel. D'accord, je la tue. Quel joli minois, avec ce petit air anxieux ! Quelle excitation ! J'ai hâte de lui montrer la surprise que je lui ai préparée. Elle va adorer.
– C'est d'accord, Monsieur ?
C'est d'accord ma jolie je vais te tuer. Mais pas sans y prendre grand plaisir. Petite catin, tu pensais pouvoir me faire chanter, hein ? Tu pensais que j'allais acheter ton silence sur mon identité ? Tu voulais me tendre un piège mais tu ne savais pas à qui tu avais à faire. Vas-y envoie ma photo à ton patron. Qu'il vienne me chercher pour voir !
– Regarde, je sors de l'ombre, pour toi ma tourterelle.
– Que... non !
Et voilà ma douce, je savais que ça te plairait. Dors bien maintenant. Adieu madame Braggart.– Il faut que j'y aille, insista Braggart
– Je vous ai dit que c'était impossible.
– Envoyez au moins des hommes à ces adresses !
– On ne dérange pas les gens à cette heure de la nuit avec de simples suppositions.
– Informations, coupa le détective.
– Et elles viennent d'où ces informations ?
– Je ne peux pas...
– Et ben voyons ! Ecoutez Braggart, ou vous vous calmez, ou je vous envoie au trou c'est compris ? Le directeur frappa la table du poing.
– Mais vous êtes borné ou quoi ? S'emporta Spike. Vous voulez laisser d'autres pauvres filles se faire tuer pour rien ? Et si demain vous apprenez qu'il y a eu un meurtre à l'une des adresses indiquées ?
– Et si on y va et qu'il ne se pointe pas ? Ou pire qu'il se pointe ailleurs ? Quelle belle action pour notre agence ! Votre insolence m'insupporte, vous êtes mis à pied. Donnez-moi votre arme.
Spike dégaina son arme sans un mot, et la posa sur le bureau, la crosse tournée vers son supérieur.
– Parfait, maintenant je peux y aller sans votre permission. Je vous enverrai les photos ! railla t-il.
Furibond, il sortit de la pièce et claqua la porte. Il irait ce soir même dans le quartier des adresses que lui avait données son informateur, et il surprendrait le tueur. Il va se faire pincer, et il va payer pour ce qu'il nous a fait ! pensa t-il alors qu'il fonçait au dessus des toits de la ville.
Il prit l'Xpress Nord-Est et au bout d'un quart d'heure arriva dans l'ancien centre ville. Non loin coulait la rivière grisâtre et boueuse qui avait donné son nom à l'ancien département de l'Isère. Il arrêta son véhicule à quelques centaines de mètres de la première adresse, sortit son IUC-phone de sa poche et commença à écrire un message. Finalement, il indiqua qu'il voulait ajouter une photo et l'appareil se mit en marche.
Il se dirigea alors vers la première adresse et prit l'échelle de secours. Depuis le toit il observa la rue. Au bout d'un moment il perdit patience et décida de redescendre.
C'est alors qu'il aperçut quelqu'un en bas de la rue qui correspondait au profil supposé du tueur. N'ayant d'autres pistes, il décida de le suivre pour se prouver qu'il avait raison de n'accorder aucun crédit aux profils fournis par les services de police. En général cela ne menait nulle part et partout.
L'homme erra quelques temps dans la rue puis disparut dans une ruelle sombre. Spike, entraîné à la filature ne perdit pas sa trace et s'engouffra discrètement à sa suite. Il déboucha dans une cour intérieure de quelques immeubles. Il scruta l'obscurité à la recherche d'un passage mais n'en vit pas. Il entendit alors, un léger bruissement à sa droite qui le figea. Tendant l'oreille, il sorti son téléphone toujours en mode photo et parla d'une voix forte.
– Je sais que vous êtes là. Montrez-vous espèce de salopard !
– Bien sûr que je suis là, regardez ! Dit une faible voix.
Spike se tourna en direction du son et découvrit celui qui avait tué sa femme, celui qu'il considérait comme le pire monstre que la Terre portait actuellement, celui qu'il haïssait plus que tout, mais peut-être moins que lui-même.
Lui.
Son patron.
Pétrifié par la stupeur et l'horreur de sa découverte Spike ne réagit pas. Il s'était pourtant préparé à l'éventualité de ce qu'il ferait quand il découvrirait le tueur et s'était promis de ne pas rester immobile. Il vit alors comme au ralenti son patron pointer sa propre arme vers lui, le cuir noir de ses gants grinçant légèrement sur le plastique.
– Vas-y fait une jolie photo, et envoie-là moi je l'accrocherai dans mon bureau !
Quel idiot. Je savais qu'il chercherait à tout prix à venir ici. Le pauvre chéri n'a pas supporté que sa femme le trompe ! Oh oui elle t'a trompé, et elle m'a donné du plaisir ! Voilà c'est ça prends une photo.
– Doucement, elle va être floue !
Ça y est, l'oiseau est dans la boîte ! Et la boîte est cassée, écrabouillée !
Hum, quel bonheur d'aller au travail. Toujours aussi belle la secrétaire. T'inquiète pas ma belle ton tour arrive bientôt ! Après la nuit d'hier soir, j'ai bien mérité mon petit café. On pourra dire qu'il m'aura donné du mal le père Braggart. Allez, direction le bureau. Tiens qu'est-ce que c'est que ça ? Mais oui, bien sûr, la photo. Voyons ça...
– Mr le Directeur vous êtes en état d'arrestation pour homicide volontaire. Vous avez le droit de garder le silence...
– Mais comment ? L'inspecteur de police lança un regard dédaigneux au criminel que ses hommes embarquaient. En guise de réponse à celui-ci, il brandit une photo du tueur un sourire sanguinaire aux lèvres, au dessus de la mention « Faites-le souffrir. » suivi de « Envoyé par: Agent Mike Blackgard matricule n° 59 654 ».